La révélation avait donné à Tendô un air complètement ahuri, plus aucun son ne pouvait sortir de sa bouche, qui était-il d’abord ? Comment pouvait-il lui proposer une telle chose alors qu’ils venaient à peine de se rencontrer et surtout qu'avait-il à apprendre à son Dieu, son sauveur ? Et puis, qu’est-ce qu’il lui prouvait qu’il n’était pas un espion infiltré dans le village ? Tant de questions se heurtaient à l’intérieur même de l’esprit du Shinobi de la pluie, tant d’hésitation, tant de confusion. Et pourtant, plus il regardait l’homme qui lui faisait face, plus il ne pouvait que lui accorder de la crédibilité et même de la confiance, quel étrange sentiment, c’était une des premières fois qu’il ressentait une telle chose. Un peu abasourdi par la déclaration de son interlocuteur, le Dieu s’agenouilla dans une flaque d’eau et serra les poings en ignorant la pluie qui tombait de plus en plus drue et tombant sur son visage blafard, cette dernière faisait comme une illusion de larmes coulant le long de ses yeux gris, violâtre métallisé. Il frappa d’un coup sec la flaque d’eau qui gicla en l’air en ne manquant pas l’occasion de se diviser en fines particules d’eau. Une fois calmé, il se redressa et demanda :
« Qu’allez-vous m’enseigner si j’accepte votre requête ? »
« Allons déjà discuter au terrain d’entraînement qui te tient à cœur, rejoins moi là bas dès que tu es prêt. »
Une nouvelle fois, le dernier descendant du clan maudit d’Ame Gakure ne put s’empêcher d’être surpris, les intrigues qui entouraient cet homme ne faisaient que s’accumuler au fur et à mesure qu’il le découvrait, quel étrange spécimen songeait le Dieu. D’un coup, le vieillard balafré utilisa un signe de main et se volatilisa comme par magie, ce n’était pas une technique d’espace temps mais bien un Shunshin no Jutsu très amélioré par son utilisateur. Une autre question le frappa ensuite dans le mille, comment un sinistre inconnu connaissait-il son terrain d’entraînement favori ? Il y avait comme une espèce de coïncidence entre son mal être aujourd’hui et sa rencontre avec cette personne. Le mystère était trop grand, il fallait qu’il sache, c’était désormais devenu vital pour lui, il fallait qu’il découvre la véritable identité de ce vieillard aux répliques dignes d’un philosophe renommé. Sa chasse commença dès maintenant, comme l’autre l’attendant, il sauta sur un store déjà abîmé et fit un bond sur un toit métallique à une hauteur raisonnable. Il se rattrapa vivement sur les mains et effectua une roulade latérale avant de commencer sa course contre la montre. De lui, on pouvait observer un homme déterminé courir à en perdre haleine, sur les toits d’Ame Gakure no Satô, une ombre insignifiante au milieu d’une pluie battante. Chancelant à certains moment, se retenant de ne pas glisser sur les flaques d’eau qui représentaient son propre reflet, il ignorait tout ce qui était autour de lui, une aura de détermination brillait autour de son corps, enfin…Expression imagée, vous voyez quoi ! Le terrain d’entraînement se situait non loin du centre ville, voilà pourquoi il ne mit pas trop de temps à atteindre ce dernier. Tendô s’agrippa à la gouttière et descendit en faisait quelques mouvements acrobatiques avant de se rendre au lieu de rendez-vous, il l’attendait déjà, il se tenait devant lui, adossé à un arbre blessé, une cigarette dans le bec et un air indifférent, son regard se posa sur le jeune homme qui reprenait son souffle avant de s’avancer vers lui, comment avait-il fait pour arriver aussi vite ? Mais pas le temps de lui poser la moindre question, son interlocuteur prit les devants en l’interrogeant :
« Maintenant que tu es là, je ne vais pas y aller par quatre chemins, résume moi un peu tes capacités, inutile de te présenter, je sais déjà qui tu es. »
L’air franchement surpris, le Dieu haussa les sourcils et exécuta les ordres de son nouveau senseï au sens ironique du terme :
« Je possède toutes les affinités, mon clan laisse à croire qu'il était spécialisé dans les pouvoirs du Rikudou mais personne n’a pu m’enseigner le savoir faire de cet art, j'ai appris seul. »
Il se tut après un long monologue et, voyant le regard de l’homme peser sur lui, il se retrouver soudainement assez gêné et commença à compter le nombre de gouttes de pluie qui tombaient sur lui. Après un grognement qui ennuyèrent le Dieu et des « Hum Hum ! » plus qu’agaçants, le vétéran daigna à lui rétorquer :
« Fais moi un aperçu de tes invocations. »
Hésitant car il n’avait jamais montré son invocation à d’autres personnes qu’au prisonniers ou encore ennemis, il ne savait pas s’il devait lui montrer mais quelque chose tel un fil invisible le poussa à une nouvelle fois, obéir à ce vieillard. Tendô se concentra et canalisa son énergie corporelle et son énergie spirituelle pour que les deux ne fassent qu’un, à présent, il rouvrit une ancienne blessure à peine refermée et s’empara de quelques gouttes de sang avant d’entamer quelques signes de main. Un nuage de fumée blanc apparu au milieu du terrain d’entraînement et propulsa Tendô en arrière. Chikoshudô était alors présent et refis la même opération pour invoquer le cerbère, il avait encore grandit alors ? La fourrure rousse de son animal fut bientôt submergée par l’inondation qui tombait du ciel. La communication visuelle s’établit alors, l'homme perplexe voyait maintenant dans une autre direction grâce à son compagnon, il avait si peu l’occasion de le voir en dehors des combats, à part lorsqu’il partait s’entraîner dans la forêt, il avait rarement l’occasion de l’invoquer. Mais pas le temps de penser trop longtemps, le maître était déjà aux aguets, il leur demanda plusieurs choses dont les aventures qu’ils avaient faites ensemble déjà petit. Ensuite, à la grande surprise du Shinobi, il commença à poser des questions sur les techniques qu’ils avaient en commun. L’air un peu consterné, le Ninja de la pluie répondit :
« Nous n’avons jamais fait de technique ensemble, nous nous entraînons individuellement et nous combinons notre rendu après. »
Sans qu’il ne le voit arriver, le vieillard s’était déplacé jusque devant lui et lui avait infligé une petite pichenette sur le front en le traitant de « Baka ! ». Ne comprenant pas son tort, le Dieu se tut en se massant le front, c’est qu’il faisait mal en plus de ça ! Grognon, il se remit à son travail de méditation, le self control était important pour un Ninja, qu’importe son grade, il devait savoir tenir ses émotions. Le dernier survivant du clan Rikudô fut soudainement interrompu par son nouveau maître qui lui donna un coup dans le dos, se demandant pourquoi il avait fait ça, le garçon aux cheveux roux s’écria avec un air scandalisé :
« Qu'est-ce qu'il vous prend ? Je peine à me concentrer et vous osez perturbez mon rituel divin ? »
« Rien ne sert de savoir attaquer si tu ne sais pas te défendre, montre moi ce dont tu es capable au corps à corps. »
I l le savait très bien songeait Tendô en regardant son adversaire droit dans les yeux, il savait qu’il ne maîtrisait pas du tout le Taïjutsu, il avait fait allusion avant au fait qu’il connaissait pratiquement son identité complète, alors pourquoi l’obligeait-il à se battre s’il connaissait d’ores et déjà l’issu de ce combat ? Encore hésitant, il donnait des coups dans le vide en manquant plusieurs fois sa cible, il esquivait la plupart des coups portés par son ennemi mais lorsqu’il en recevait un, cela s’avérait plutôt violent. Grimaçant de la douleur ressentie, il n’abandonna cependant pas encore l’idée de gagner ce combat. Il plongea rapidement sur son mentor et allongea ses bras lorsque tout à coup, ce dernier apparu derrière lui et lui asséna un coup de pied dans le dos. Plus aucun son ne sortait de sa bouche, comment avait-il fait ça ? Une nouvelle fois, était-ce cette mystérieuse technique qui lui avait permis de se rendre aussi vite sur le terrain d’entraînement ? C’était fort possible mais cela voudrait donc dire que son champ d’action pouvait être quelconque et que la rapidité de l’exécution de la technique se voulait plus rapide que la vitesse du son ? Tout bonnement impossible pour un homme normal ! Ou alors…C’était lui qui était si lent. L’obligeant à se relever, son maître lui tendit la main et lui soupira :
« Tu vois, tu n’es pas capable de te défendre avec du Taïjutsu et tu n’en seras, pardonne moi, jamais capable. Pourquoi t’acharnes-tu à apprendre des techniques offensives si tu ne connais pas la base de la défense. »
« Eh bien…Si j’arrive à terrasser mon adversaire avec mes attaques puissantes, je n’aurai à me défendre enfin, pas vraiment. Telle marche la volonté de Dieu. »
« Tu as bien tort mon jeune ami, un Ninja doit avant tout faire attention, un coup encaissé peut avoir de lourdes séquelles et t’empêcher par la suite de continuer ta carrière et accomplir tes rêves. Maintenant, j’ai vu que tu maîtrisais toutes les affinités et ton renard l'art du décuplement, et rien jusque là ne t'ai poussé à vouloir être le " Dieu " aussi en Taijutsu, ce pourrait t’être utile pour tes combats et cela augmenterait beaucoup ta force. Cependant, comme je te l’ai dit avant, il n’y pas que l’attaque mais aussi la défense.»
Captivé par le discours que lui offrait son senseï d'un temps court, le Dieu buvait et se noyait dans ces paroles qui devenaient pour lui un rêve. Cela semblait si proche et si lointain à la fois mais d’après ce que disait le maître, il fallait qu’il devienne un animal sans foi ni loi pour réaliser ce parcours plus qu’intéressant. L’entraînement débuta sans tarder, le ninja demandait au vieil homme – le Sensei – de lui apprendre cet art, celui du Tajutsu au mieux qu’il le pouvait, et vieil homme décida au plein de son gré l'art de la marionnette. Comme on l’avait conseillé, il tenterait d’y mêler ses techniques de foudre mais malheureusement, les combinaisons obtenues faisaient plus penser à l’attaque qu’à la défense. Au bout de quelques heures, Tendô sortit avec un corps, un cadavre de sa tour. L’air dépité, il valait peut-être mieux arrêter l’entraînement pour aujourd’hui songeait le descendant du clan maudit du pays de la pluie pour pouvoir mettre en vie ce cadavre inanimé. Après avoir annulé l’invocation et souhaité un bon repos à son invocation, il se rendit compte que lui aussi était visiblement épuisé, il s’apprêtait à rentrer chez lui car il pensait que le doyen en avait fait de même lorsque'il le surprit une fois de plus.
« Tu t’y prends mal et tu l’obliges à faire des erreurs avec toi. »
« Qu’entendez-vous par là ? »
« Tu te focalise sur le fait de rendre vivant ton personnage cadavérique vivant avant de pouvoir même truffer d'armes ta victime ! Mais faisons comme le destin te guide et laissons voir ce que te réserve le futur. Bref, assez parlé, vas te reposer, on reprendra demain, je compte sur toi pour venir ici à neuf heures. »
Et il le laissa en plan, une nouvelle fois, il était seul face à cette immensité qu’était le monde, tout paraissait comme une montagne insurmontable malgré tous les efforts et toutes les persuasions. Il parlait d’entraînement, mais lui voulait tout apprendre sur le champ, son plus gros défaut ? L’impatience peut-être, mais en même temps, dans une vie tourmenté comme la sienne, on pourrait avoir besoin de ses services à n’importe quel moment, il fallait qu’il élabore ses nouveaux Jutsus en un temps limité et c’était là où était la grande faille de ses entraînements. Remarquant qu’au bout de quinze minutes, il n’avait toujours pas bougé, il regarda derrière lui, le terrain n°7 lui lançait une sorte d’appel au martyre, il fallait vraiment être maso se dit l'homme divin. Préparer tout avant ? Eh ben, il allait lui en faire voir à son maître, la nuit porte conseil dit-on mais c’est aussi dans l’obscurité que les plus gros progrès sont remarqués. Le Rikudoui plaqua ses mains contre l’arbre et tenta d’extérioriser son chakra et ce ne fut que tâche vaine étant donné que vu l’entraînement qu’on lui avait fait subir en cette journée de Mai, il ne devait plus lui rester grand-chose. Et pourtant, continuer s’avérait être la seule solution, de toute manière, personne ne l’attendait à la maison, il était en réalité un chien errant à la recherche de maîtres qui voudraient bien de lui, mais apparemment, personne ne le supportait longtemps. Redoublant d’efforts, il retenta puis renouvela sa tentative, tout cela pour arriver à 21 heures, tout trempé sous un ciel orageux, haletant comme un chien. Ses mains se plaquèrent machinalement sur le tronc d’arbre qui avait pas mal souffert de ses progrès, puis ses doigts s’endormirent et glissèrent de la surface brute. Il s’effondra dans l’herbe mouillée, son corps s’ensevelit dans la boue. Il avait mérité une petite pause songeait le vieillard du haut d’une immense tour métallique, il était comme son père décidément, une vraie tête brûlée. Sortant de sa cachette, il vint le chercher et l’emmena dans un endroit plus sécurisé, la nuit, Ame Gakure était fréquentée par de nombreux criminels et ce n’était pas vraiment la meilleure des choses de s’y retrouver surtout que les délinquant n'oserait pas un moment pour profiter du fait que je sois endormir pour tenter un coup d'état en m’assassinant. Regardant le ciel, le vieil homme soupira en prenant dans ses bras le corps inerte de Tendô :
« Tu as vu ? Oui je me vois et je ne me laisserai jamais tomber...»