Mission Rang B

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Il apposait sa signature sur la feuille de missions de l'organisation et se mit aussitôt en route sans prévenir. Les sombres couloirs qu'il connaissait si bien le menèrent à sa chambre, il poussa la lourde porte où était gravé dans une plaque de métal son nom et le symbole de sa bague, "bleu". L'ouverture laissait entrevoir une vaste étendue éclairée par seulement quelques lumières artificiels où, par un jeu de miroir complexe, elles arrivaient à inonder et baigner la loge dans la clarté. Il entrait dans son petit paradis, véritable palais où des sculptures prenaient place dans un espace aussi esthétique que déconnecté de l'ensemble de l'ambiance du repaire. Les pièces se succédaient, plus l'on s'éloignait de l'entrée plus les salles étaient confortables et encombrés d'oeuvre d'art. Après avoir traversé une dizaine d'anti-chambres et galeries, il arriva dans son dortoir, reposaient, sur un meuble, quelques effigies de personnages existants dans le monde de Deidara. On pouvait reconnaitre Uchiha Itachi, un des membres de l'Akatsuki des plus influents sur l'organisation ainsi que des statuettes de personnes moins célèbres, un homme et une femme sortaient du lot tant la grâce, la magnificence et l'illusion du mouvement les animaient. Ces deux silhouettes possédaient des traits familiers au jeune nuke-nin. Il se déshabillait, apparaissaient sur son corps diverses marques dû aux nombreux combats mais parmi ceux-là un sortait de l'ordinaire tant il semblait naturel, il s'agissait d'un dessin sur son poumon gauche représentant quelques formes géométriques des plus diverses et variées mais conduisant le regard vers son coeur. Il s'allongea sur son lit blanc, aussi moelleux qu'il semblait confortable, une matière connue de cet artiste, il s'en enduisait le corps jusqu'à ce que sa peau fut aussi immaculée que cet argile modifié. Assimilé à son corps, Deidara se rhabilla à nouveau pour enfiler sa tenue de combat habituelle puis se revêtit du manteau de la lune rouge.
Il était prêt, un de ses meubles se mit à bouger pour venir se transformer en volatile miniature, il ramassa la chose, il prit un autre chemin dans ses appartements qui le conduisit à un balcon surplombant une falaise. Il se mit sur la rambarde et sauta. Il réapparut au loin sur un oiseau blanc démesurément grand. Il faisait route vers le soleil levant, vers les hautes montagnes, un certain Yuki l'attendait.

Il arrivait aux montagnes tandis que, du haut de sa bête ailée, il contemplait les différents paysages, il se récitait à voix basse un de ses poèmes préférés, et continuait de regarder, entrain à la mélancolie, ceux qui foulaient si bien le sol tandis qu'il se mettait au rang du prince des nuées qui voyageait avec lui.

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"Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui chante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher."

Il connaissait par coeur ces vers d'un poète inconnu de l'Ouest, il était venu en voyage un jour et avait longtemps discuté avec Deidara autour de la notion d'Art et d'abstraction, le jeune sculpteur considérait cet homme comme étant sa principale muse. Il sortait de ses pensées tandis qu'il voyait apparaitre le village tant recherché. Il s'agissait d'un petit trou de verdure où chante une rivière accrochant follement aux herbes des haillons d'argent ; où le soleil, de la montagne fière, luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Cette vision était savoureuse car le jeune artiste savait ce qui devait être fait. Il sauta de sa structure ailée qui vint le récupérer à quelques hauteurs du sol.

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Il descendit, il regardait les alentours pour voir s'ils étaient sécurisés, il s'était placé sur une falaise dominant le jeune village. En effet à la vue de l'architecture des bâtiments on pouvait ressentir une impression de nouveauté aussi bien dans les matériaux utilisés que dans la propreté même de la chose; ce qui avait tendance à énerver le nuke-nin. Les choses devaient être rapidement marqué par le temps ce qui perdure est inutile car, autant que ce qui est éphémère, cela finira un jour par s'écrouler, les hommes aiment se donner des illusions, un sentiment de sécurité vis-à-vis du temps qu'ils ne savent contrôler, il était temps de les en sortir et de revenir à la réalité. Le jeune artiste sortit de l'argile qu'il fit ingurgiter à ses mains. Une fois son chakra mélangé à cette matière aux vertus des plus explosives, il la sculpta pour en sortir un petit volatile ressemblant à une chouette. Du haut des falaises il jeta son oeuvre qui s'agrandit dans un nuage de fumée, à la surprise d'un potentiel spectateur de cette scène, la sculpture devint géante totalement disproportionnée par rapport à ce qu'elle fut. Elle se dirigeait vers le village tandis qu'au loin Deidara commençait à entendre les différents cris d'épouvante. Pour l'instant la bête se contentait de voler, quant au village, il se réveillait dans la terreur, de vaines flèches furent envoyées par les différents shinobis du village.

"Pathétique... Ils se réclament de tous nous annihiler alors qu'ils ne savent quoi faire devant l'incarnation de mon Art. Il est temps d'en finir avec ces vies."

Il se concentrait, il manipulait à distance les veines de chakra de son argile, l'immense oiseau ouvrit son bec et laissa échapper quelques milliers de bombes qui venait s'écraser dans des hurlements de douleur, de ce côté la mission était une réussite, la bourgade toute entière était animé par le feu et la désolation commençait à se faire ressentir. Désormais il fallait passer à la mission suivante, retrouver au milieu de ce chaos le dénommé Yuki. Il s'avançait tranquillement vers le terrain que l'oiseau survolait.

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Il ne fallut pas beaucoup de temps au déserteur pour retrouver son objectif au milieu de la foule car celui-ci se dressait devant lui. Il était jeune, très jeune, cela faisait de la peine à Deidara de devoir s'en débarrasser, * ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tuée * se disait il, * il connait mes capacités tandis que je ne sais rien de lui. Je vais devoir jouer la carte de la prudence. * Le terrain séparant la falaise du village se composait d'une forêt plutôt dense et la particularité de la sculpture, envoyé par le nukenin d'Iwa, était de répandre de l'argile sur son chemin. C'est très certainement de cette manière, en suivant le chemin tracé par l'argile, que le chef du village a pu retrouver si facilement le jeune artiste. Cette particularité était à double tranchant, elle révélait la position exacte de son sculpteur, elle répandait un potentiel infini d'armes au spécialiste des explosions, c'est ainsi que, fixant intensément avec un regard rempli de haine Deidara, le jeune ninja ne vit pas descendre des branchages quelques dizaines d'araignées suivit de leur fil d'argile, elles explosèrent dans son dos projetant Yuki au sol. L'artiste prit la parole.

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"Tu me vois désolé de tout ce qui t'arrive mais j'ai le sens du devoir et j'ai quelque chose à prouver à ce monde. Considère toi comme étant une des nombreuses étapes composant ma quête aussi vaine et désespérée puisse-t-elle te paraître. Désormais tu appartiens à mon art, tu n'as plus d'existence propre."

Il s'approcha de lui, Yuki serrait les poings et se releva.

"Même si je connais l'issue de ce combat, laisse moi imprimer en toi le souvenir de ce que je fus afin de laisser une trace de mon être après ma mort.

- Un de mes frères d'armes aurait été ému par ton discours sur ta volonté de perdurer malheureusement je ne suis pas de cette vision là où justement je prone l'existence semblable à celle d'un papillon, éphémère, vaine et rapidement oubliée. Dans cette optique la douleur n'est que temporel et ne vit pas qu'à travers celui qui la subit.

- Mais si personne ne laisse une quelconque marque comme quoi il a foulé ces terres l'humanité se contentera de reproduire les mêmes erreurs qu'auparavant ainsi que la même douleur!

- Tu m'as contesté mais..."

Deidara avait relâché son attention tandis que Yuki apparaissait dans son dos le transperçant par une technique Futon, le corps du chef du village gisait à terre mais devenait de plus en plus dans un état proche de la boue ; tandis que le nukenin, touché en plein coeur, prit la parole dans un dernier souffle.

"Tu oses me tromper, tu pensais me tromper si médiocrement?"

A son tour il se raidit pour pâlir de plus en plus, les jets de sang s'épaississaient et sa chair devenait savoureuse pierre.

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Prit dans ce qui sera le dernier piège de Deidara pour cette mission un joyeux hurlement retentit du haut de la montagne rocheuse.

"KATSU"

Le clone d'argile s'illumina tandis que la main du jeune ninja restait coincé à l'intérieur de l'effigie collante de son ennemi. Deidara alla ramasser le corps, ombre de l'existence de cet homme. Deidara rentrait à Ame. Mission accomplie.

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